Choisir son coach , le « shopping » ou l’art de la rencontre
Le « shopping » , ce moment où le client vient pour choisir son coach, est stimulant car il nous confronte à nos démons : le désir d’être choisi, l’illusion de pouvoir accompagner tous les clients, l’utilisation de nos théories pour nous rassurer face au monde inconnu du client…
Tout se joue dans les premiers mots, peut-être…
Nathalie : Pas facile d’organiser ce rendez-vous ! Vous semblez si peu disponible ?
Coach : Ce serait quoi, pour vous, être plus disponible pour cette rencontre ?
Nathalie : J’aurais aimé vous voir bien plus tôt, pour démarrer sans attendre…
Coach : Oui… Je me demande comment c’est pour vous, quand vous n’êtes pas immédiatement disponible pour l’autre…
Nathalie reste interloquée un instant, puis lâche :
Nathalie : La question ne se pose pas… Je ne comprends pas ?
Coach : Si le coaching avait démarré sans attendre, nous pourrions chercher à comprendre ce qui se crée là, maintenant, entre nous…
Nathalie sourit. Elle s’installe confortablement au fond de son fauteuil :
Nathalie : Alors, comment souhaitez-vous fonctionner ?
Coach : Je suis disponible 1h30 environ… pour vous. C’est aussi la durée possible d’une séance… Qu’attendez-vous de moi ?
Nathalie : J’ai déjà vu l’un de vos homologues, il y a un mois. J’ai alors mieux formalisé mon objectif autour du stress et de mes exigences. J’aimerais maintenant choisir le coach avec qui j’ai envie d’avancer…
Sortir du cadre du shopping …
Coach : Choisir son coach est parfois bien délicat pour le client… Et parfois bien simple… Associer le coach à cette décision peut créer du stress… chez le coach !
Nathalie : Que me proposez-vous alors ?
Coach : Prendre le temps de la réflexion personnelle : avec qui ai-je envie de travailler ? Puis, si besoin, débattre de votre choix avec un tiers…
Nathalie : Oui, notre DRH qui vous a référencé pourra me challenger sur ma décision… Que faire alors maintenant ?
Coach : Que faire alors maintenant… Il y a peut-être un lien entre cette simple question et votre objectif autour du stress et vos attentes pour cette rencontre…
Nathalie fronce les sourcils et, pour la première fois, ne réagit pas du tac au tac. Elle semble pensive…
Pas besoin de rencontrer un coach…
Nathalie interrompt le silence :
Nathalie : Vous savez toucher juste…
Coach : Qu’est-ce qui vous touche ici ?
Nathalie : J’ai empilé les objectifs pour cette réunion et aussi pour après : démarrer au plus vite ! Finalement, cela m’empêche d’être disponible pour vous rencontrer !
Coach : Vous n’avez peut-être pas besoin de rencontrer un coach…
Du stress à la compétence singulière de choisir son coach…
Nathalie : Votre manière de faire m’interpelle… Pourtant, bizarrement, mon stress et la pression autour de mes attentes ont disparu…
Coach : Le stress et la pression sont plutôt un symptôme…
Nathalie : Le symptôme des multiples objectifs que j’empile !
Coach : Savoir investir plusieurs objectifs à la fois est une compétence… Une compétence singulière… Surtout si vous atteignez tous ces objectifs…
Nathalie : Je crois que le stress n’est pas ma vraie demande… D’ailleurs, j’ai déjà travaillé
ça avec une sophrologue. En vain… Je sais que c’est plus profond et sans doute au-delà du professionnel…
Pourtant ce stress m’est pesant, usant…
Coach : Restons sur le champ professionnel et avec le stress: je me demande pour qui ce stress est le plus pesant, usant ?
Nathalie : Que voulez-vous dire ?
Coach : Imaginons que notre relation soit une métaphore de vos autres relations : de quel côté pèse la balance du stress ?
Nathalie : Oui, ça a bien changé pendant notre rencontre : j’ai d’abord perçu votre inconfort sur mes questions de disponibilité, de choix du coach… Alors que formuler mes exigences m’est naturel ! Vous avez d’ailleurs souligné ici ma compétence… Et vous, en face de moi, je me dis que vous savez confronter mes exigences…
Coach : Vous avez peut-être une piste ici…
Nathalie : Vous pensez que ce sont mes associés qui auraient besoin d’un coach ?
Coach : Vous le pensez peut-être ? Mais, je ne sais pas coacher le stress…
Nathalie : J’imagine que vous ne vendez pas de ces pilules perfectionnées !
Coach : Je me demanderais plutôt quelle est la fonction du stress dans votre cabinet. Mais il est presque l’heure… Comment souhaitez-vous clore notre rencontre ?
Comme un arbre qui cache la forêt…
Nathalie : Attendez, je crois comprendre quelque chose d’important ! Le stress est comme l’arbre qui cache la forêt : il nous évite de nous confronter, entre associés, sur notre développement commercial ! Par exemple : Qui apporte quelles affaires ? Quels objectifs nous voulons partager ?
Coach : Et la forêt est faite de multiples arbres…
Nathalie : Oui, par exemple je suis la seule femme dans le comité de direction… Et c’est difficile de porter toutes ces questions, toute seule…
Nathalie a confié que choisir son coach et « Rencontrer un coach, c’est prendre le temps de se rencontrer soi ! »
La première séance est programmée un mois plus tard…
Il est important de laisser du temps entre les séances car l’essentiel du travail se fait après chaque rencontre…