Être à l’aise devant son public : vaincre le trac ou comment le trac devient un moteur !
Manon est directrice financière dans un groupe industriel. Son comité de direction l’a chargée d’animer le déploiement d’un nouveau système d’information budgétaire. Elle a souhaité un coaching pour surmonter les situations délicates du projet.
Manon démarre notre troisième séance sans préambule : Manon : J’aimerais travailler aujourd’hui sur un problème récurrent et qui m’handicape de plus en plus : mon trac au début des réunions importantes du projet que je pilote.
Coach : Importantes comment ?
Manon : Il est au plus fort devant la direction du siège chaque mois, j’ai une réunion pour le reporting du projet.
Coach : Et c’est comment alors ?
Manon : La nuit qui précède est plutôt agitée ! Et, juste avant de prendre la parole, pendant quelques minutes mon rythme cardiaque s’accélère. Je ressens un peu de peur. Ma voix tremble pendant les premières phrases. Progressivement, je prends de l’assurance et mon trac disparaît. Je ne crois pas que mes interlocuteurs perçoivent tout mon agitation et mes peurs.
Coach : Qu’attendez-vous de moi aujourd’hui ?
Manon : Je sais que mon handicap vient de ma peur du regard des autres et de la peur d’échouer. Mais, savoir cela, ne me fait pas avancer !
Coach : Et qu’est-ce qui vous ferait avancer aujourd’hui ?
Manon : J’aimerais dépasser mon trac, vaincre le trac.
Coach : Vous vivez d’autres situations où votre trac est encore plus important ?
Manon : Oui, je chante dans une chorale depuis plusieurs années. Les moments d’entraînement, seule face aux autres, me mettent toujours à rude épreuve. Et, pourtant, c’est quand j’accepte mon émotion, qu’elle peut circuler avec mon public. C’est alors un grand plaisir.
Coach : Et comment votre trac circule dans les réunions de direction ?
Manon : Je ne comprends pas ? Ma peur d’échouer ne doit pas circuler ! C’est pour ça que j’ai le trac !
Coach : Je suis désolé de cette libre association avec la chorale : je me disais que, peut-être, le risque d’échouer dans votre projet et l’émotion ne vous appartiennent pas complètement ?
Manon : C’est vrai que ce projet est plein de difficultés, d’inconnues que je porte aujourd’hui seule, ou ici avec vous, et parfois dans ma filiale, en petit comité… Je focalise les réunions de reporting plutôt sur les avancées du projet.
Coach : Et partager les risques en comité de direction serait trop risqué…
Manon : Non, plutôt que dépasser mon trac, ce serait alors le déplacer !
Un mois plus tard.
Manon introduit la séance : Avant de commencer, j’aimerais partager sur la dernière réunion de direction. Tout a changé en profondeur. J’ai démarré par une « météo » du projet ! Le directeur général m’a alors demandé de zoomer sur les « risques d’orage ». Pour traiter ces zones à risques, j’avais préparé plusieurs scénarios avec l’équipe projet ; la réunion nous a permis de débattre puis de choisir.
Coach : Et votre trac ?
Manon : Disparu ! Nuit calme… Premières minutes de la réunion sereines et les suivantes confortables… C’est amusant, avec le recul, j’ai l’impression que le remède était pire que le mal : plutôt que cacher mon trac, ou plutôt les risques du projet, je le mets aujourd’hui en images, je le fais circuler ! Cela anime davantage la direction et aussi l’équipe projet ! C’est plus créatif. Pour dépasser définitivement mon trac, j’aimerais juste savoir quelle technique vous avez utilisée ?
Coach : Comment avez-vous réussi ?
Manon : J’ai compris que le trac est une tension qui appartient à tous les acteurs du projet. Il suffit de partager ces tensions !
Coach : La systémique nomme cela une résonance : l’émotion peut se propager dans un « système humain », dans les relations… Et chacun la transforme, la déforme, l’amplifie selon sa propre histoire.
Manon : Pour réussir dans mon univers rationnel, encore fallait-il objectiver cette émotion, par exemple avec la carte météo !
Coach : Oui, en faire un objet c’est peut-être vous en détacher. Vous aviez étiqueté cette émotion : « mon trac ». Et vous aviez posé un diagnostic : « ma peur d’échouer ». Par le détour de la chorale, nous avons commencé à décoller ces étiquettes qui vous collaient à la peau…