Histoire du Triangle dramatique
C’est dans les années 60 que Steve KARPMANN, élève d’Eric BERNE spécialiste de l’analyse transactionnelle, décrivit le triangle dramatique : un stratagème que nous jouons dans un mouvement tournant entre Victime, Sauveteur et Persécuteur. Un jeu psychologique souvent inconscient, toujours toxique…
Une exemple de « jeu » autour de l’addiction
Le drogué joue ici le rôle de Victime de la dépendance, d’humiliation, de brimades, de négligence médicales. Il cherche et trouve un Sauveteur, par exemple un ami proche.
Le Sauveteur joue son rôle en essayant d’aider le drogué, généreusement et de manière désintéressée : il ne s’assure pas qu’il s’implique personnellement dans le processus pour abandonner la drogue.
Après un certain nombre d’échecs frustrants, le Sauveteur se fâche et change de rôle pour devenir Persécuteur, accuse, insulte, néglige et punit le drogué.
Le drogué change alors : de Victime, il devient Persécuteur et contre attaque. Il insulte, devient violent et on doit appeler le SAMU en urgence, en pleine nuit. Celui qui a commencé Sauveteur est maintenant Victime.
Les acteurs peuvent changer de rôle plusieurs fois…
Des rôles complémentaires
– La Victime :
c’est le rôle principal, celui qui apporte le plus de gratifications, de bénéfices secondaires et de reconnaissance. Me présenter en Victime consiste à me plaindre d’un préjudice que je n’ai pas subi ou que j’ai contribué à mettre en place.
– Le Sauveteur :
loin d’aider vraiment, il se présente simplement comme « aidant ». Il essaie d’aider, mais n’est pas efficace, car son but inconscient est d’entretenir la Victime dans son rôle pour rester dans le sien et obtenir de la reconnaissance. Je suis Sauveteur quand j’aide quelqu’un qui n’a rien demandé, ou que je persiste à donner alors que ce n’est pas efficace.
– Le Persécuteur ( ou le bourreau ) :
il fait des reproches aux autres, sous la forme de « piques », par en dessous ou en ridiculisant la personne…. Là encore, il est « en affaire » avec la Victime. C’est artificiel et inconscient.
Dans les relations avec une famille
Face à un parent âgé et malade, la famille peut positionner d’emblée le professionnel de santé dans le rôle de « sauveteur » : posture d’expert pour le médecin, relation d’aide pour le soignant (jusqu’où ? dans quel cadre ?).
Et lorsque la mort survient, l’institution et les professionnels de santé, « naturellement impuissants », peuvent être transformés en « persécuteur »…
Des pistes pour éviter le triangle dramatique
Au quotidien, la meilleure manière de ne pas tomber dans le jeu du triangle dramatique est d’éviter de jouer l’un des trois rôles.
Dans une relation d’accompagnement (thérapie, coaching…), pour éviter ce triangle dramatique, l’intervenant établit un contrat où le client spécifie ce qu’il veut changer. Cela protège à la fois le professionnel, qui sait sur quoi travailler, et le client qui sait ce qu’il demande et quand l’accompagnement se termine.
Et, quelques préceptes utilisés dans les interventions systémiques avec les familles (Guy AUSLOOS, La compétence des familles) :
– « Refusez toute disqualification, blâme ou jugement : ils ne vous disqualifieront pas non plus.
– Demandez leur de l’aide quand vous ne savez plus que faire : cela renversera le jeu qu’ils ont l’habitude de jouer.
– La seule personne que vous pouvez changer, c’est vous »